Le "Cheval de Troie" de Çanakkale
D'un côté : la fameuse Guerre de Troie, celle qui a marqué notre adolescence, celle de l'Iliade et de l'Odyssée, celle de la belle Hélène, de Pâris, de Priam, d'Hector, d’Agamemnon ou bien encore d'Ulysse !
Cette Troie légendaire, dont le récit du cycle épique deviendra l'une des pierres fondatrices de la culture grecque, de la philosophie et de la logique ; celle qui annonce l’Athènes de Périclès, de Platon, de Socrate et d'Aristote, les conquêtes d'Alexandre et le grand Empire romain !
Le Musée de Troie
De l'autre côté, la Bataille des Dardanelles (ou de Gallipoli), épisode absurde et inutile de la Grande guerre ; un désastre sans vrai vainqueur mais aux 100 000 soldats terrassés en moins de 10 mois de conflit !
L'idée de Churchill (eh oui, déjà lui !) était de porter un coup aux "Empires centraux" (Allemagne et Autriche-Hongrie) récemment rejoint par l'Empire Ottoman. Cela aurait permis, en plus de défaire l'un des trois principaux ennemis, d'offrir à la Russie impériale (un des alliés de la "Triple entente" avec la France et le Royaume-Uni) le contrôle des mers Noire, de Marmara, Égée et Méditerranée afin d'encercler l'ennemi par le sud.
De ce passé très récent et violent, il reste la péninsule de Gallipoli (étroite bande de terre au nord du détroit des Dardanelles qui, comme celui du Bosphore, sépare l’Europe et l'Asie) constellée de cimetières et de mémoriaux ; de fortins, de places fortes et de canons ; lieux du souvenir où viennent se recueillir chaque année par milliers les descendants britanniques, australiens, néo-zélandais, français (et de bien d'autres nationalités) de ces pauvres soldats morts au combat...
D'un passé bien plus ancien et fantasmagorique, il reste de Troie les ruines d'une cité abracadabrantesque, un mille-feuille riche de 4000 ans d'histoire et d'au moins neuf niveaux de lisibilité qu'ont malmené les guerres, les incendies, les tremblements de terres et les incessantes reconstructions !
Un site dont on ne saura probablement jamais si c'est bien celui qu'Homère nous a décrit, mais que l'Unesco n'as pourtant pas hésité à classer il y a vingt ans au Patrimoine de l'Humanité !
De Çanakkale, je ne retiendrais pas grand chose (puisque je n'ai, pour ma part, pas souhaité faire le grand saut mémoriel), si ce n'est l'impressionnant "Cheval de Troie" de 12 tonnes qui trône sur la promenade du centre-ville et dont a fait don à la ville la production du film "Troy" en 2004 (celui dans lequel Achille est joué par Brat Pitt !).
J'ai également du faire l'impasse sur les musées archéologique et naval, les deux seules autres "attractions", semble-t-il, de la ville...
De Troie (qui se trouve à moins de 30 km de Çanakkale), on m'avait prévenu : toutes les personnes qui s'y étaient rendue en gardaient un souvenir plus que mitigé. C'est sûr que ces ruines informes qui se superposent au sommet de la butte d'Hisarlık n'ont pas l'élégance d'Aphrodisias, la richesse d’Éphèse ou la complexité de Pergame !
La magie du lieu tient donc avant tout à sa très longue histoire mais aussi à celle de sa "redécouverte" par le richissime (et rêveur) aventurier Heinrich Schliemann dont l'amateurisme aura nui sans doute à l'intégrité du site, mais qui n'aura eu de cesse de faire revivre auprès d'un très large public cette intense et merveilleuse épopée !
Lors de votre visite, ne manquez surtout pas de découvrir le splendide et tout nouveau musée qui propose de nombreux artefacts découverts sur le site, à l'instar de l'exceptionnel sarcophage dit de "Polyxène".
