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L'Obélisque de Thoutmôsis III (et accessoirement de Théodose I)

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Les curieux qui auront parcouru quelque peu le blog de mes quatre années passées en Égypte n'en douteront point : je peux difficilement passer près d'un obélisque sans chercher à en savoir plus !

 

Qui plus est si cet obélisque est en provenance d’Égypte et qu'il date d'avant la période romaine!

Car dans ce cercle très fermé, on n'en décompte qu'une cinquantaine, dont seulement une trentaine sont formellement identifiés et en bon état.

Tout au long de l'histoire, la moitié d'entre eux, soit une quinzaine, sont partis "agrémenter" les places et les jardins de villes "occidentales" : 8 se trouvent aujourd'hui en Italie (en majorité à Rome), 4 en Grande-Bretagne, 1 au USA (à Central Park, devant le Metropolitan). Il y a aussi bien sûr celui de Louxor, Place de la Concorde à Paris, ainsi qu'un autre tout petit à Poznan, en Pologne.

Et enfin, celui qui nous intéresse aujourd'hui...

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Au premier abord, il semble différent de ceux que j'ai déjà eu l'occasion d'admirer : Les hiéroglyphes s'arrêtent nets à la base du fût et il est, plus étrange encore, soutenu par quatre cales en bronze qui répondent au quatre cubes en porphyre à la base du socle en marbre blanc, ...qui est lui de facture assurément romaine !!!

De toute évidence il manque ici la partie inférieure de l'obélisque originel, et les avis divergent parfois quant à son histoire mouvementée. 

Des deux notes du Centre Franco-Egyptien d'Etude des Temples de Karnak (voir en bas de page), dont les conclusions me paraissent les plus sérieuses, il ressort :

- que l'obélisque était de toute évidence entier depuis son "abattage" jusqu'à son arrivée à Alexandrie

- qu'il est resté en souffrance de longues années, quelque part sur une plage alexandrine

- qu'il a peut-être été brisé, mais c'est peu probable, au cours de son transport jusqu'à Constantinople

- que le monolithe s'est plus vraisemblablement scindé en deux lors de sa (ou de ses) tentative(s) d'érection.

- qu'après cet incident, la base de l'obélisque (les 9 mètres restants) a peut-être été dressée, elle aussi, quelque part en ville. Quoi qu'il en soit, on en a jamais retrouvé la trace...

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(C'est l'obélisque de gauche...)
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Quant à ses origines, les spécialistes sont pour le coup tous d'accord : L'obélisque se dressait 14 siècles avant JC au sud du 7e pylône du Grand Temple de Karnak (dans l'actuelle ville de Louxor, en Égypte). Il fait partie de la paire dressée là sous le règne de Thoutmôsis III, Pharaon de la XVIIIe dynastie.

Thoutmôsis III attendit longtemps avant de pouvoir règner : En effet sa belle-mère, la célèbre Hatchepsout, s'octroya la régence pendant une bonne vingtaine d'années ! A la mort de cette dernière, il reprit les rênes du pouvoir et entreprit de si nombreuses campagnes qu'un égyptologue américain l'avait surnommé le "Napoléon de l’Égypte antique".

C'est d'ailleurs l'une de ces campagnes (contre le le Royaume de Mitanni, au nord de l'actuelle Syrie) qui est racontée sur les quatre faces de notre obélisque... 

Ce dernier (tout comme ses semblables de Karnak) provient des fameuses carrières de granit rose d'Assouan (l'antique Syène), situées à quelque 200km plus au sud d'où il fut érigé pour la première fois !

C'est sous le règne de Constantin I qu'il fût "abattu" (vers 330), sous celui de son fils Constance II qu'il remonta le Nil et peut-être traversa la Méditerranée et enfin sous celui de Théodose I (vers 390) que sa partie supérieure prit place, définitivement, au centre du Circus Maximus de Constantinople !

Des 29 mètres d'origine, seul un peu moins de 20 sont aujourd'hui offerts à notre curiosité...

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Sur les bas-reliefs du piédestal en marbre on découvre Théodose I entouré de sa cour, remettant une couronne de laurier au vainqueur (de la course de char ?). sont également représentés des spectateurs, des musiciens et des danseurs ou bien encore le transport de l'obélisque d'un empire à l'autre... 

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Note du Centre Franco-Egyptien d'Etude des Temples de Karnak (CFEETK) à propos du transport de l'obélisque...

Note du même CFEETK quant à la dimension initiale de ce dernier

Commentaires

  • et voila c'est parti pour de tres belles photos d'Istanbul et je suis certaine de la Turquie en general. Je te souhaite tout plein de bonnes choses ........ Bises de Louxor

  • et voila c'est parti pour de tres belles photos d'Istanbul et je suis certaine de la Turquie en general. Je te souhaite tout plein de bonnes choses ........ Bises de Louxor

  • Passionnant, et suprêmement intéressant.
    Merci Pat !
    Dépouillant pour l'instant l'ouvrage magistral de Stephen Quirke, - "Le Culte de Rê", Monaco, Éditions du Rocher, 2004, notamment p. 188, parce que je suis en train sur mon blog et mes pages FB depuis la rentrée scolaire de septembre, de me pencher sur les "Mémoires d'Hadrien" de l'immense Marguerite Yourcenar, et partant, sur l'obélisque d'Antinoüs actuellement érigé sur le mont Pincio, à Rome -, j'apprends qu'il existe de nos jours 12 obélisques rien que dans la capitale romaine ... alors que tu n'en mentionnes que 8 , pour toute l'Italie ...
    Il nous faudrait "scientifiquement" et en toute amitié confronter nos sources ... rien que pour atteindre l' "inaccessible étoile" de la vérité historique !

    Amitiés,
    Richard

  • Richard, je veux pas faire de la surenchère !! :)
    Dans mon post, je précise bien "Obélisques égyptiens avant la période romaine". Il semble que tous époque confondue, il y ai , selon Wiki, 14 obélisques à Rome....

    • obélisque de Thoutmôsis III et Thoutmôsis IV à Karnak, aujourd'hui à Rome (obélisque du Latran) ;
    • obélisque de Séthi Ier à Héliopolis, aujourd'hui à Rome, obélisque de la piazza del Popolo ;
    • quatre obélisques de Ramsès II à Héliopolis, aujourd'hui à Rome, un sur la Piazza della Rotonda (obélisque du Panthéon), un près des thermes de Dioclétien (appelé obélisque du monument de Dogali), un à la villa Celimontana, et un à Florence, jardin de Boboli ;
    • obélisque de Psammétique II à Héliopolis aujourd'hui à Rome, piazza di Montecitorio ;
    • obélisques d'Apriès à Saïs, aujourd'hui à Rome, piazza della Minerva et à Urbino, piazza del Rinascimento ;

    • d’autres obélisques, probablement tous égyptiens, mais d’époque romaine, se trouvent aujourd’hui sur les sites suivants :
    o obélisque du Vatican, Rome (provient d'Alexandrie, et peut-être d'Héliopolis) ;
    o obélisque du Quirinal, Rome ;
    o obélisque de l'Esquilin, Rome ;
    o obélisque de la Trinité-des-Monts (ou « des Jardins de Salluste », ou « de la place d'Espagne »), Rome ;
    o obélisque de la piazza Navona, Rome ;
    o obélisque du Pincio, Rome ;
    o 2 obélisques du temple d'Isis à Bénévent ;
    o obélisque de la piazza del Duomo, à Catane (Sicile) ;

  • Après recomptage, j'annonce 13 obélisques Égyptiens à Rome :

    Avant l'époque romaine :

    • obélisque de Thoutmôsis III et Thoutmôsis IV à Karnak, aujourd'hui à Rome (obélisque du Latran) ;
    • obélisque de Séthi Ier à Héliopolis, aujourd'hui à Rome, obélisque de la piazza del Popolo ;
    • trois obélisques de Ramsès II à Héliopolis, aujourd'hui à Rome, un sur la Piazza della Rotonda (obélisque du Panthéon), un près des thermes de Dioclétien (appelé obélisque du monument de Dogali), un à la villa Celimontana,
    • obélisque de Psammétique II à Héliopolis aujourd'hui à Rome, piazza di Montecitorio ;
    • obélisques d'Apriès à Saïs, aujourd'hui à Rome, piazza della Minerva et à Urbino, piazza del Rinascimento ;

    Obélisques, probablement tous égyptiens, mais d’époque romaine :

    o obélisque du Vatican, Rome (provient d'Alexandrie, et peut-être d'Héliopolis) ;
    o obélisque du Quirinal, Rome ;
    o obélisque de l'Esquilin, Rome ;
    o obélisque de la Trinité-des-Monts (ou « des Jardins de Salluste », ou « de la place d'Espagne »), Rome ;
    o obélisque de la piazza Navona, Rome ;
    o obélisque du Pincio, Rome ;

  • 13 obélisques à Rome, tu as parfaitement raison, Pat.
    Et Stephen Quirke, que je citais hier, - Conservateur au Petrie Museum de Londres, quand même ! -, a bizarrement oublié le "Dogoli", près des Thermes de Dioclétien ...

    Ceci prouve que confronter nos sources comme je le suggérais hier aussi nous aura permis, à toi comme à moi, de rétablir la "vérité" archéologique.

    Merci à toi pour cet échange fructueux.

    Amitiés,
    Richard

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