Mimar Sinan fut l'un des plus prestigieux architectes de son temps, mais surtout le plus grand de l'histoire ottomane. Son génie reste inversement proportionnel à la taille de son modeste mausolée qui s'élève à moins de deux cents mètres de celui de Soliman le Magnifique !
D'origine chrétienne, enrôlé de force dans l'armée dès son plus jeune âge et convertis à l'Islam (dans le cadre du "Devchirmé"), formé pour devenir ingénieur, Mimar Sinan participera la première moitié de sa vie à de très nombreuses campagnes militaires, de l'Autriche à l'Egypte, en passant par l'Iran, l'Irak et la Syrie, avant d'enfin se consacrer pleinement à l’architecture. Il construira son premier pont à presque 40 ans !
Plan de la Mosquée Molla Çelebi
En 1539, à l'âge de cinquante ans, il devient le chef des architectes impériaux, poste qu'il conservera sous Soliman Ier le Magnifique, Sélim II et Mourad III.
Mimar Sinan a légué à la postérité plus de 350 bâtiments, mosquées, mausolées, hammams, caravansérails, madrassas, hôpitaux, palais et autres ponts et aqueducs, dont la grande majorité est encore visible à Istanbul, dans toute la Turquie ou bien encore disséminés à travers les Balkans...
La Mosquée Molla Çelebi sera, en 1586, l'une de ses deux dernières réalisations. Il a alors 97 ans et ne la verra d'ailleurs jamais achevée !
Comparée à la Süleymaniye ou encore la gigantesque Selimiye d'Edirne (son chef-d'oeuvre absolu), la mosquée Molla Çelebi peut paraître bien modeste ! Sinan n'était pas obsédé par le gigantisme, mais plutôt mû, tout au long de sa carrière, par la recherche de solutions à de nouvelles contraintes. Si la plupart de ses mosquées peuvent au premier coup d’œil paraître semblable, il suffit d'en regarder attentivement les plans pour se convaincre du contraire !
La Mosquée Molla Çelebi (également appelée Mosquée de Findıklı) se situe dans le quartier de Beyoğlu, au bord du Bosphore. Elle été construite pour Kazasker Mehmet Vusili, ancien juge en chef (Kadı) d’Istanbul.
Le complexe comprenait à l'origine un hammam, un couvent de derviches et une fontaine qui furent rasés dans les années 1950 afin de construire la grande avenue qui longe le Bosphore.
La mosquée a récemment été restaurée d'une très jolie façon, surtout son intérieur où la pierre naturelle a retrouvée ses droits et s'accorde merveilleusement bien au marbre de l'encadrement des fenêtres et au gris de l'épaisse moquette.
Une fois à l'intérieur, presque seul, une sensation de calme et de sérénité bienfaisante fini par vous envahir...