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La Basilique Sainte-Sophie, joyau de l'art byzantin

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Le Christ Pantocrator, sublime mosaïque du 13e siècle
 

Sainte-Sophie est l'un des plus incroyables monuments qu'il m'ait été donné de visiter...

 

Si l'on considère à la fois son ancienneté (près de quinze siècles), sa taille impressionnante (sa nef mesure 70 mètres sur 80 et sa coupole, de 32 mètres de diamètre, semble flotter à 56 mètres au dessus du sol !) et enfin tout simplement le fait qu'elle soit encore debout aujourd'hui, seul le Panthéon de Rome (construit près de quatre siècles auparavant) peut raisonnablement lui être comparé... 

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Sainte-Sophie vue depuis Galata. les quatre minarets érigés au 15e siècle apportent un peu de légèreté à l'édifice
 

La Basilique, dont Justinien souhaitait qu'elle surpassa par la splendeur le Temple de Salomon, restera pendant presque mille ans le plus grand sanctuaire du monde chrétien...

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Basilique, ou Mosquée, ou Musée Sainte-Sophie, au choix
 

Tout s'embrouille un peu pourtant pour le profane : Avec ses quatre minarets, Sainte-Sophie ressemble au premier abord à une mosquée, et pour cause : Mehmet II, à la prise de Constantinople en 1453, la convertie immédiatement au culte musulman (les minarets seront eux ajoutés par ses successeurs). 

Étonnement, c'est cette basilique chrétienne du VIe siècle qui va alors devenir le modèle de toutes les grandes mosquées de Constantinople, ...et au delà des frontières, de toutes celles du vaste empire ottoman... 

La basilique devenue mosquée sera transformée en musée en 1934, à l'instigation d’Atatürk.

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 L'histoire, si longue, de la basilique est bien évidemment mouvementée !

Constantin (encore lui !) commanda en 325 une première basilique consacrée à la "Sagesse Divine" ("Haghia Sophia", d'où son nom actuel). L'édifice, agrandi par son fils Constance brûle en 404. Reconstuit en 415 par Théodose, il brûle de nouveau pendant la sédition de Nika (en 532).

C'est de cette époque que date la "troisième version" de la basilique, celle que nous admirons encore aujourd'hui. Justinien et sa femme Théodora souhaite alors un monument magistral, qui n'aura rien à voir avec les précédents. L'empereur va à cette occasion casser sa tirelire (ainsi que celle de ses sujets, il va sans dire !).

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Rien en effet n'est assez beau pour mener à bien son pharaonique projet : Le marbre sera prélevé aux quatre coins de l'Empire, et moult temples fameux fourniront les dizaines de colonnes nécessaires : Athènes, Éphèse, Delphes, Delos et jusqu'au temple d'Osiris en Égypte, aucun site ne sera épargné !  

L’inauguration de la basilique a lieu en 537.

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C'est le jeu de demi coupoles soutenant la grande qui donne à l'ensemble cette incroyable légèreté
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Les dizaines de fenêtres , 40 pour la seule coupole centrale, apportent une incroyable lumière
 

Les architectes Anthémios de Tralles et Isodore de Millet avaient peut-être vu un peu grand : La coupole, déjà fragilisée par des séismes en 553 et 557, s'effondre totalement en 558 ! C'est Isidore le Jeune (fils du premier) qui s'attelle à sa reconstruction, et qui pour l'occasion fera venir de Rhodes des briques encore plus légères...

La basilique subira encore de nombreux incendies et séismes : En 989, la coupole s'écroule de nouveau, ... et est de nouveau relevée.

Si l'architecture intérieur de la basilique n'a pas vraiment changé depuis le VIe siècle (seule la coupole a un peu "rétréci" au fil des effondrements !) il n'en est pas de même vu de l'extérieur : On peinerait même à retrouver le plan primitif de l'édifice tant les contreforts massifs et les arcs-boutants, ajoutés contre les murs à la suite des nombreux tremblements de terre successifs, en ont passablement alourdi la physionomie. 

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L'immense narthex de la basilique
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Le minbar -La chaire de l'imam-, qui date du 18e siècle
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 Une longue rampe mène jusqu'à la galerie supérieure
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Déjà impressionné par l'immense narthex, je ne suis pourtant pas au bout de mes surprises ! Cherchant à rejoindre les touristes que j’aperçois aux balcons, j'emprunte à mon tour la longue rampe (probablement préférée aux marches pour faciliter l'accès des chevaux) qui débouche sur la galerie supérieure, large et lumineuse.

Cet incroyable espace en forme de U, tout en colonnes de marbre et mosaïques, court tout autour du narthex (sauf au niveau de l'abside). De là, on a un très joli point de vue sur l'immense nef, mais également vers l'extérieur, sur la ville et la mer de Marmara... 

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 L'immense galerie supérieure était réservée à l'Impératrice et à la Cour
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Chapiteau ciselé, en marbre blanc, typique de l'art byzantin
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Sur les grands macarons recouvert de peau de chameau sont inscrits en lettre d'or les noms d'Allah, de Mahomet et des quatre premiers califes  
 

Qui dit monument byzantin dit aussi mosaïques ! Et celles de Sainte-Sophie sont parmi les plus réputées...

Je ne m'aventurerais pourtant pas ici à en donner le détail, tant leur histoire est variée ...et un brin compliquée !

D'abord parce que ces mosaïques, réalisées au fur et à mesure des règnes successifs sont, selon leur époque, de facture abstraite ou figurative. Ensuite parce que durant la période iconoclaste , des empereurs (chrétiens donc) ont choisi de détruire,  ou pour le moins, de cacher nombre d'entre elles. Enfin parce qu'à l'époque ottomane, certains sultans n'ont eu de cesse d'éliminer ces représentations impies tandis que d'autres, à l'opposé, tentaient de discrètement préserver un témoignage si hautement artistique !

Entre ces divers "recouvrements" de peinture ou de stuc, ces destructions volontaires (chrétiennes ou musulmanes) ou non (incendie, infiltration d'eau,..) ces mosaïques ont bien souffert et seul un spécialiste peut vraiment s'y retrouver !

Pour faire simple, disons que celles qui ont réussi à traverser toutes ces vicissitudes et que nous avons le loisir d'admirer aujourd'hui datent d'entre le 6ème et le 13e siècle... 

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Le Christ et Saint Jean-Baptiste -la Vierge est derrière la colonne-, mosaïque du 13e siècle
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La Vierge et l'Enfant, première mosaïque de la période post-iconoplaste se trouve tout en haut de l'abside. Elle date de 867
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L'Archange Gabriel
 

Malgré le bonheur dont j'espère avoir fait montre à l'évocation de ce lieu unique, je finirais néanmoins ce post par une impression un peu moins positive : devenue musée, cette église (ou mosquée, au choix) semble avoir perdu au yeux des hordes de touristes polyglottes et pressés la dimension spirituelle qui fût la sienne durant près de quinze siècles !

Sans le moindre respect, on court et hurle ici comme dans un hall de gare (le bâtiment en a malheureusement le gabarit !), ce qui, après deux ou trois heures de visite, devient difficilement supportable...

 
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 Un hall de gare, vous dis-je :)

Commentaires

  • Personnellement, c'est St Pierre de Rome que je considère comme étant un hall de gare car «froid», là c'est pensé, orné et je ne dirai qu'un mot : Magnifique !

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