Après Çanakkale et Troie, la traversée de la "Troade" se poursuit, nous amenant tranquillement, soixante dix kilomètres de champs d'oliviers plus au sud, jusqu'à l'antique Assos, cité fondée entre le 8e et le 7e siècle av. J-C par des colons grecs venus de l'île toute proche de Lesbos.
Au 6e siècle, la ville passe sous la domination des Lydiens puis ensuite de celle des Perses. Elle recouvre son autonomie au terme des guerres médiques et rejoint la ligue de Délos. C'est au 4e siècle av. J-C que la cité connaît son apogée, conduite par le tyran et philosophe Hermias d'Atarnée, un élève de Platon qui, en plus de régner sur la cité, contrôle également une partie de la Troade.
En 346, le grand Aristote, accueilli par son ami Hermias, s'installe dans le petit port d'Assos et y ouvre une école de philosophie inspirée par l'Académie de Platon à Athènes. Il vivra ici quelques années avant d'être appelé en 343 par Philippe II de Macédoine et devenir le précepteur de son jeune fils de treize ans, ... le futur Alexandre le Grand !
Cet âge d'or s’interrompt à l'époque hellénistique, où la cité tombe sous la coupe des Séleucides. Elle est ensuite intégrée au royaume de Pergame avant de finalement rejoindre l'Empire romain en 133 av. J-C.
La cité perd alors petit à petit de son importance pour devenir, deux mille ans plus tard, un modeste et paisible village, Behramkale !
De cette cité prospère, il ne reste malheureusement que de modestes vestiges, à commencer par le Temple d'Athéna, de style dorique, qui dominait toute la ville. A l'ouest persiste une généreuse portion de la muraille d'origine, percée d'une avenue menant à la nécropole.
En contrebas des rochers, entre l'acropole et le charmant petit port, s’égrènent les ruines de l'agora, d'une stoa, des bains et du bouleutérion mais surtout celles, assez bien restaurée d'un beau théâtre qui domine la mer. Un bon moment pour se poser et s'imaginer un instant, au milieu de cette magnifique nature, en train de deviser avec Aristote des choses du Monde !
Avant de quitter Assos, n'oublier pas d'admirer à la sortie de Behramkale le très joli pont ottoman du 14e siècle.
Pour atteindre Pergame, nous allons ensuite contourner la Baie d'Edremit, qui offre des dizaines de kilomètres de plages (de galets plus que de sable fin !), jusqu'à la petite cité balnéaire d'Ayvalik et de l'île d'Alibey (aussi appelé Cunda) qui lui fait face.
Toute cette côte est bien évidement prise d'assaut durant les mois d'été et les terrasses, parfois sous de magnifique treilles, pullulent autour des ruelles pavées encore dans leur jus. Un bien joli écrin pour de nombreuses maisons grecques ou ottomanes dont certaines datent du 18e siècle.