Au milieu du 19e siècle, un supposé empire Hittite n'était connu que par quelques passages dans la Bible !
Ce n'est qu'en 1887 et la découverte en Egypte des "lettres d'Amarna" qu'il devint évident qu'un puissant royaume avait existé en Anatolie entre le premier et le deuxième millénaire avant JC, et que des rapprochements furent vite fait avec le site d'Hattusa (re)découvert en 1837 par le français Charles Texier ; tout cela pour dire que les connaissances à propos de ce royaume (ainsi que ceux du Kizzuwatna et du Mittani voisins) sont pour le moins récentes et encore bien souvent parcellaires.
L'étonnante "pierre verte" d'Hattusa
La transition entre le peuple Hatti (et de son royaume éponyme) et celle, à proprement parler, des Hittites s'est opérée au tournant du second millénaire, une période très complexe due au mélange de populations, d'origines, de rites et de traditions ; pour ajouter à cette complexité, "Hattusa", qui était la capitale des Hattis, devint à son tour celle que choisirent les Hittites ; Hittites dont le nom même dérive du terme "Hatti" ! Quand je vous dis que c'est compliqué !!!
Le royaume (puis l'empire) hittite va régner sur une très grande partie de l'Anatolie, progressivement, entre le 19e et le 13e siècle avant JC, et finir par s'étendre plus au sud (jusqu'à Alep et Byblos) au point d’inquiéter ses puissants voisins que sont les Égyptiens et les Assyriens. Cette expansion prendra fin avec la fameuse "bataille de Qadesh", en 1274 avant JC, ou les Hittites font perdants-perdants contre Ramsès II.
Au cours du 12e siècle avant JC, sans que nous en connaissions les raisons précises, l'Empire hittite va disparaître assez brusquement et laisser place à d'autres populations qui garderont, puis transformeront, une grande partie de leur héritage (idéologie royale, écriture, art, religion, etc.)...
Le site d'Hattusa, classé par l'Unesco en 1986, se trouve à 200 km à l'est d'Ankara.
Il se présente sous la forme d'un vaste site de plus de 160 hectares situé à 1000 mètres d'altitude que l'on parcourt en voiture (ou en bus, ou a pied pour les plus téméraires) via une large boucle de plus de 4 km qui suit, peu ou prou, le cheminement de la muraille d'origine qui était, elle, de 6,5 km.
Pour construire cette dernière (dont une soixantaine de mètres à été reconstitué), on a calculé qu'il a fallu fabriquer 64 000 briques de terre crue de 45x45x10 cm et qu'elle a nécessité l'emploi de mille personnes par an pour un kilomètres de muraille ! Cela donne une idée de la grandeur et de richesse de cette capitale qui comptait en plus de ces nombreuses portes et légendaires poternes, des bâtiments publics, des temples, ainsi que son château royal protégé par ces propres murailles.
La visite d'Hattusa, de par sa situation excentrée et dont la plupart des trésors (des sculptures impressionnantes, des poteries, des bronzes, mais également plus de 30 000 tablettes cunéiformes) sont aujourd'hui dispersés dans différents musées (dont celui du site, à ne rater sous aucun prétexte), pourrait sembler d'un intérêt limité.
Je pense qu'il n'en est rien surtout si l'on complète cette visite par l'incroyable site religieux de Yazılıkaya et ses impressionnantes gravures rupestres qui se trouve à peine à deux kilomètres de là, ou bien encore par un autre site, lui aussi assez proche, Alaca Höyük, dont je vous parlerai dans un prochain post...
L'album Hattusa - Yazılıkaya se trouve ICI
Le dieu Sharruma et le roi Tudhaliya à Yazılıikaya