Le Mont Nemrut (Nemrut Dağı, Nemrud, Nimrod) est l'un des lieux antiques les plus fascinants de Turquie et un site archéologique majeur d’Asie Mineure.
Son sommet, qui culmine à 2203 mètres, était le point le plus haut du royaume Commagéne et donc l’endroit idéal, tout près du ciel et des dieux, pour qu’un roi passablement mégalomane, Antiochus Ier, choisisse d’y ériger son hierothesion (mausolée royal) ; afin, d’une part, d'y être inhumé, mais surtout, d’autre part, pour que l'on puisse y célèbrer son "Etre" pour l’éternité : le culte royal (inspiré du zoroastrisme) consistait en deux cérémonies qui se déroulaient chaque mois (le 10, qui correspondait au jour de la naissance du roi et le 16, celui de son couronnement), avec procession et tout le tra-la-la !
Malgré sa taille modeste, le royaume de Commagène a joué un rôle important en tant qu'État tampon entre l'Empire séleucide à l'ouest et la Parthie à l'est. Le roi Antiochus I, qui a régné de 69 à 40 avant J.C, fut le souverain le plus puissant de sa courte lignée mais, en tant qu’unique fils du roi Mithridate I, issu lui de la dynastie arménienne orontide, et de la princesse Laodice, sa mère, princesse gréco-syrienne de l'empire séleucide, il pouvait se prévaloir d’origines diverses et illustres (il se prétendait d’ailleurs, entre autre, descendant d’Alexandre le Grand par sa mère ! ).
Ces origines se sont d’ailleurs reflétées dans sa politique, soucieux qu’il fut de toujours maintenir un équilibre entre orient et occident ; et c’est ce même syncrétisme, combinant des influences grecques, perses et arméniennes, qui ont guidées à la réalisation de son hierothesion.
Reconstitution ci-dessus la terrasse Est, et ci-dessous la terrasse Ouest
Le site archéologique, qui domine la vallée de l'Euphrate, détient encore de nombreux secrets. Il n’a pas été, par exemple, jusqu'à présent possible de déterminer avec certitude ce qui se trouve sous le remblai artificiel, et le tombeau du roi n’a jamais été découvert !
Le tumulus, formé de pierre concassée, fait environ 150 mètres de diamètre pour 50 mètres de hauteur. Les deux terrasses (une face à l’est, l’autre face à l’ouest) servaient aux différentes cérémonies. Elles étaient ornées, principalement, d’imposantes sculptures de 8 à 9 mètres de haut représentant le roi Antiochus Ier entourés de dieux assis sur des trônes (dont la base est taillée à même la roche), et cernés de part et d’autre d’aigles et de lions. On retrouve d'ailleurs sur les deux terrasses les mêmes personnages et animaux, ou devrais-je plutôt dire leur tête qui sont au sol éparpillées !
Les statues furent détruites par les romains (aidés sans doute par quelques séismes) et le site tomba dans l’oubli avant d’être (re) découvert à la fin du 19e siècle, puis sérieusement fouillé et remis en état à partir de 1953. Il est classé au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1987
Pour cause de coronavirus (et sans doute un peu de mauvaise volonté), le site n’ouvrait ses portes qu’à partir de 10 heures du matin et les fermait une heure avant le coucher du soleil !
Raté donc (mais est-ce en fin de compte un si grand mal ?) pour le fameux (et sans doute un peu sur-vendu) lever du soleil !
Il faut savoir qu’il y a deux accès par la route pour arriver au Mont Nemrut :
- côté terrasse Ouest (couché du soleil) et de l’hôtel Euphrat : le parking, puis la bagatelle de 350 marches dont on ne voit pas la fin !
- coté terrasse Est (lever du soleil) et de l’hôtel Günes : on monte en voiture par une route en terre jusqu’à 100 mètres du site et on fini à pied.
Une fois arrivé au sommet on peut faire évidemment (et seulement à pied) le tour du tumulus et découvrir les deux terrasses. Bien sûr, lorsque l’une est en plein soleil, l’autre se trouve à l’ombre. Nous avons donc opté pour une visite en deux temps (on ne vient qu’une fois dans une vie J), soit une arrivée le premier jour pour découvrir le site en fin d'après-midi, puis une nouvelle tentative le deuxième jour, et par la route jusqu'au sommet, sans avoir à s’infliger de nouveau les 350 marches !
Si le premier jour (fin d’après-midi), sous le soleil, nous nous sommes retrouvés une quinzaine de personnes au pied du tumulus, la seconde journée, cette fois je le concède sous un ciel bien plus menaçant, nous sommes restés totalement seuls (avec les gardiens qui scrutent les caméras depuis leurs algécos) pendant près de deux heures au sommet. Un pur bonheur…
Pour être complet, je dois avouer que c’est la terrasse Est qui a le plus de classe (les trônes sont imposants et les têtes mieux... arrangées !) et je conseille donc plutôt, si il vous faut vraiment choisir, une visite le matin, sans d’ailleurs avoir absolument besoin de se lever aux aurores !
Neuf heures me semble le tempo parfait pour une agréable visite…
L'album photo "Le Nemrut Dağı" se trouve ICI