On trouve malheureusement trop peu d'information sur l'origine de cette imposante mosquée dédiée à Mihrimah, fille chérie et unique enfant de Roxelane et de Soliman le Magnifique.
En effet, quand commence la construction de cet édifice, en 1563, cela fait déjà quinze ans que s'élève une autre mosquée "Mihrimah" à six kilomètres à vol d'oiseau de là, sur les quais d'Üsküdar.
Si il semble certain que c'est bien Mihrimah qui a commandité la première mosquée, cela semble un peu plus flou en ce qui concerne la seconde, ou le commanditaire pourrait-être soit Mihrimah, soit son père Soliman, ou bien encore, dans une autre version plus décoiffante, l'architecte Mimar Sinan en personne qui, secrètement épris de la princesse, aurait initié le projet sur ses propres deniers !
Quoi qu'il en soit, si ces deux mosquées ont bien été commanditées par la princesse (à 21, puis à 41 ans) et sans, en définitive, qu'aucune ne fut destinée à abriter sa tombe (Mihrimah repose en effet près de son père dans le cimetière de la Suleymaniye), j'aurais bien aimé connaître le fin mot de l’histoire !
Pour la "Mihrimah Sultan Camii", comme pour la plupart des mosquées construites à l'époque ottomanes (et plus encore pour celles dites "impériales"), le lieu dédié à la prière se dresse généralement au centre d'un complexe plus vaste, aménagé autour de jardins et patios agrémentés de fontaines.
On y retrouve, selon les cas, école coranique, bibliothèque, "soupe populaire" ou autre bain et hammam, logés dans des bâtiments reconnaissables à leurs petits dômes réguliers.
La Mosquée Mihrimah Sultan, que seule une rue sépare des fortifications de Théodose II, a été construite entre 1563 et 1570. La salle de prière proprement dite, d'un plan presque carré, se trouve sous un imposant dôme de 20 mètres qui culmine à 37 m de hauteur.
Ce qui fait la magie du lieu, c'est avant tout le nombre impressionnant de fenêtres et d'ouvertures (161 ou 171 selon les sources) aménagées par Mimar Sinan : symétriquement réparties sur les quatre façades et les sept niveaux et dotées de chatoyants vitraux, elles laissent pénétrer la lumière comme jamais auparavant !
Fortement affectée par les tremblements de terre de 1719 et 1894, la mosquée a régulièrement été consolidée et restaurée au cours des siècles. Le séisme de 1999 lui porte le coup de grâce, et c'est alors parti pour une dizaine d’années de restauration d'ou elle sortira transfigurée !
De la nacre à l’ivoire qui habillent les portes en bois, au marbre blanc délicatement ciselé du somptueux minbar, en passant par le granit des puissantes colonnes ou le bronze du majestueux lustre central, tout respire ici la qualité des matériaux et une élégance plutôt féminine, tout à l'honneur de Mihrimah...