La visite d'Ani fut l'un des must de notre voyage à bord du Doğu Ekspresi, ce train "de nuit" (dont je vous reparlerai bientôt) qui nous a mené de steppes en plateaux, sur plus de 1300 km, d'Ankara jusqu'à Kars !

Ani est surtout connu pour avoir été la capitale du royaume de l'Arménie autour de l'an mille ; d'ou son surnom de "capitale de l'an mil" ou bien encore celui de "la ville aux mille églises" !

Pour ce qui est des "mille églises" j'ai ma petite idée ! ; quand à avoir été la capitale d'Arménie, c'est effectivement une réalité, mais pour une durée particulièrement courte : exactement de 961 à 1045, soit 84 ans !

Ensuite, de 1045 à 1295 (date à laquelle la ville est déjà en grande partie abandonnée), se succéderont les Byzantins, les Seldjoukides, les Kurdes, les Géorgiens, les Mongols, les Turkmènes ainsi que les Timourides de Tamerlan (avec, je le concède, un bref "retour" des rois Arméniens de 1199 à 1231) !

Si l'on pose tout à plat, et en refaisant les comptes, il s'avère qu'Ani n'a donc été arménienne que pendant 116 ans, ce qui est un peu court pour une capitale !!!

Paradoxalement, il faut bien reconnaître que les rares églises qui subsistent encore aujourd'hui datent toutes de cet âge d'or arménien, une époque où la cité comptait plus de 100 000 habitants !

Nous ne connaissons pas la date exacte de la fondation de la cité, mais l'on sait qu'une forteresse se dressait déjà à cet endroit à l'époque du Royaume d'Urartu (dont l'apogée se situe au 8e siècle avant J.C). Ani tire d'ailleurs son nom d’Anâhitâ, une déesse perse identifiée à Aphrodite et adorée par les Ourartéens !

Le plateau (un carré de moins d'un kilomètre de côté) qui abritait la ville est bordé de ravins au bas desquels coule la rivière Akhourian. C'est elle qui aujourd’hui délimite la frontière entre la Turquie et l'Arménie. Au nord  de la cité s'élève une puissante et double enceinte, construite dès 977 par le roi Smbat et consolidée ensuite par ses successeurs.

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Il ne subsiste à Ani qu'une dizaine de bâtiments datant de ce glorieux passé dont (dans le sens de la visite habituellement réservé au groupe !) :

- L'église de Saint-Grégoire de Tigrane Honents (du nom d'un généreux donateur) : sans doute la plus belle de toutes : édifiée en 1215, l'église est bâtie sur un plan globalement rectangulaire et comporte une nef unique surmontée d'une coupole. Le mur extérieur de l'église est gravé de nombreuses inscriptions. Les peintures intérieures, vraisemblablement réalisées par des artistes géorgiens, représentant Saint-Grégoire Ier l'Illuminateur, le Christ ainsi que le jugement dernier. 

- L'église du Saint-Sauveur : une moitié de ce monument, qui fut construit en 1036 par le prince Ablgharid Pahlavide afin d'abriter un morceau de la "Vraie Croix" qu'il avait ramené de Constantinople, s'est effondré en 1957.

- L'impressionnante  Cathédrale d'Ani, commencée pendant le règne du roi Smbat II, vers 989, et terminée en 1001. L'auteur de ce monument est le fameux architecte Tiridate, qui a « innové » ici en élargissant la nef principale tout en diminuant l'espace des petites nefs latérales. 

- Tout près de là, la mosquée Menüçer, édifiée en 1072 par les Turcs seldjoukides d’Anatolie, et qui étonne par sa forme rectangulaire, son minaret octogonal et le mariage des styles seldjoukide et arménien.