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Iznik : du concile œcuménique ... à la céramique

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La Mosquée Verte

La petite ville de Nicée, fut d'abord hellénistique et byzantine, puis ottomane sous le nom d'Iznik.

Ce que l'on sait moins, c'est qu'elle fut aussi de 1204 à 1261 la capitale de l'Empire Byzantin (Empire de Nicée), après que les Croisés eurent chassé l'empereur hors de Constantinople.

Appréciée de tout temps comme résidence par les rois et les empereurs, elle accueillit en 325 le premier concile œcuménique des églises chrétiennes, connu sous le nom de "premier concile de Nicée" (un second concile s'y tint également en 787). Ce fut d'ailleurs le premier et l'avant-dernier du genre puisque cet œcuménisme n'allait se reproduire qu'à une seule autre occasion en 381, à Constantinople !

A l’ère ottomane, Iznik deviendra un centre mondialement renommé pour sa production de céramiques. 

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Fondée on ne sait pas trop par qui (probablement des colons béotiens), la ville est prise en 301 avant J.C par Lysimaque qui, allié à Séleucos, viens de défaire Antigone Ier le Borgne, Roi de Macédoine et satrape de Phrygie. Ce sera l'un des ultimes épisodes des "guerres des diadoques" , qui ont vu quarante ans durant les cinq principaux généraux et héritiers d'Alexandre s'écharper pour s'assurer une part de l'immense Empire. 

Lysimaque, qui vient de perdre son épouse Nicæa, donne alors son nom à la cité...

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La petite ville, mainte fois remaniée, a néanmoins gardé une bonne partie de son plan d'origine réalisé conformément aux préconisations du célèbre urbaniste Hyppodamos de Milet : Elle avait en effet quatre portes (aux quatre points cardinaux) et ses deux rues principales, qui s’entrecroisaient à angle droit, permettaient d’apercevoir ces quatre portes à partir dudit croisement. C'est d'ailleurs encore le cas aujourd’hui (ou l'on devine les portes plutôt qu'on ne les voit) depuis la petite tour de l'horloge toute recouverte de céramiques du cru.

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La double muraille romaine et byzantine, percée aujourd'hui de 16 portes (4 grandes et 12 secondaires) est ponctuée d'une cinquantaine de tours encore debout, elles-mêmes cernées par les champs d'oliviers. La fortification court sur environ cinq kilomètres tout autour de la cité et, sur plus d'un kilomètre, s'étire le long du joli lac d'Iznik, le cinquième plus grand du pays.

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Malgré que le musée municipal soit actuellement fermé, il reste néanmoins pas mal de choses à découvrir à Iznik, à commencer par l'église Sainte-Sophie (Aya Sofya), où se tint en 787 le second des deux conciles de Nicée.

Une église à la riche histoire : détruite par un tremblement de terre en 1065, transformée en mosquée en 1331, incendiée et rebâtie par Sinan au 16e siècle puis ravagée une dernière fois lors de la guerre d'indépendance dans les années 1920, avant d'être enfin réhabilité en 2007 et devenir musée !

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L'Eglise Sainte-Sophie

L'histoire ne s'est pourtant pas arrêtée là : suite à un bras de fer entre la ville et l'Etat, ce dernier contestant le droit à l'église restaurée de n'être qu'un musée, a obligé en 2011 la municipalité à ré-ouvrir une mosquée ! Ce qui en fait à ce jour, à ma connaissance, la seule mosquée en Turquie où l'espace de prière est circonscrit au centre ainsi que sur un seul côté de l'édifice (afin d'y installer le mirhab et le minbar), l'espace restant tout autour (entrée, bas côté, abside, synthronon et baptistère) pouvant se visiter chaussures aux pieds !

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On trouve également l'élégante Mosquée Verte (Yeşil Camii), construite en 1492, à laquelle on accède par un superbe porche en marbre blanc dont les arcades reposent sur des colonnes en granite rouge et vert. Elle offre d'harmonieuses proportions, évoquant l'art Seldjoukide, tout en raffinement et simplicité. Pour ne rien gâcher, son minaret se pare de tuiles vernissées d'Iznik, ... où bien évidemment le vert domine ! 

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Porche de la Mosquée verte

Cette fameuse céramique d'Iznik, dont la production a commencé au milieu du 15e siècle et a connu son apogée au 17e siècle, est singulière du fait que d'une part la pâte est plus siliceuse qu'argileuse, et que d'autre part du plomb (sous forme de verre) est ajouté à cette pâte. Elle est également recouverte avec un engobe de la même composition qui, au final, lui donne un aspect de porcelaine, même si elle n'en a ni la dureté ni la sonorité. Enfin, la pièce ne subit qu'une seule cuisson, à une température d'environ 900°c.

On ne trouve malheureusement à Iznik que très peu d'atelier réalisant des pièces selon cette ancestrale méthode, les nombreux autres se contentant de proposer de simples poteries décorées de motifs traditionnels... 

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En 1585, suite à un décret du Sultan, Iznik aura l'obligation de consacrer toute sa production de faïences aux commandes du Palais, ce qui sera l'une des raisons du déclin de cet art. La dernière grande commande impériale sera d'ailleurs à destination de la Mosquée Bleue, pour laquelle plus de 2000 carreaux seront commandés. 

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Si il vous reste un peu de temps, allez profiter du magnifique hammam de Murat II, daté du 15e siècle, qui vient d'être récemment restauré !

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Le hammam de Murat II

Enfin, à environ sept kilomètres de la ville, perdu au milieu des arbres fruitiers et des oliveraies, vous pourrez découvrir un bien étrange obélisque de 12 mètres de haut. Situé à l'origine sur la voie romaine qui menait à Izmit, il fut dressé là au 1er siècle en l'honneur d'un certain "Cassius Philiscus", architecte des portes d'Iznik.

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L'album "IZNIK" se trouve : ICI

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